Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
26 septembre 2011

SÉNAT : ÇA BASCULE À GAUCHE

Comme certains le prévoyaient, le Palais du Luxembourg est tombé entre les mains de la gauche qui peut se targuer d'une victoire plus large qu'escomptée. Un coup dur pour la droite qui espère tout de même en conserver la présidence.

(Carte des élections sénatoriales - infographie du Sénat)

« La gauche a gagné les sénatoriales, c’est acquis », lâche enfin François Rebsamen vers 19h dans la Salle Clémenceau en effervescence du Palais du Luxembourg. Jusqu’ici, l’humeur était à l’extrême retenue. Et d’ajouter immédiatement : « La présidence, c’est autre chose ». Signe que rien n’est encore tout à fait gagné. Mais peu importe, en attendant, la joie et l’excitation sont palpables.

Pour la première fois depuis le début de la Ve république, le Sénat bascule à gauche. Avec « 24 à 26 sièges » remportés - avant même que ne tombent les résultats en Martinique et en Guadeloupe - l’opposition annonce détenir 175 sièges, c’est-à-dire la majorité absolue. Une victoire plus large que prévue qui ne démonte pas pour autant les barons de la droite. Tous ont aiguisé leur réponse : il ne s’agit que d’une victoire mécanique, due aux résultats des élections municipales et d’un « corps électoral captif depuis 2010. » Ni plus, ni moins. A gauche, en revanche, l’emballement est de mise. « C’est un signe très fort pour 2012. Un présage de changement », veut croire Harlem Désir. « Je suis très heureux, confie l'ancien ministre Jack Lang. Je suis venu ici plusieurs fois en tant que ministre pour présenter des lois mais jamais je n’aurais imaginé qu’il passe à gauche.»

Quelques bonnes surprises et les divisions de la droite : voilà les ingrédients de cette forte poussée. Contre toute attente, l’opposition sauve un siège dans la Manche et en gagne trois dans le Morbihan – un véritable séisme dans ce département ancré à droite. Sans parler de la douzaine de départements dans lesquels elle ravit un siège à la droite, notamment à Paris mais aussi dans les Yvelines – fief de Gérard Larcher. Cerise sur le gâteau : la déconfiture d’Isabelle Balkany dans les Hauts-de-Seine, ancien fief du président de la République.

Reste que, comme l’a souligné tout de suite le sénateur de Côte-d’Or, la présidence du Sénat n’est pas encore gagnée. « Qu’on ne nous dise pas qu’il faut acter la victoire de la gauche et ne pas présenter un candidat », tonnait ce soir Roger Karoutchi se disant prêt à la « bataille ». Même son de cloche pour Patrick Ollier, ministre des Relations avec le Parlement : « Rien n’est définitivement perdu avant samedi prochain », jour de l’élection du président, qui pourrait bien bénéficier des voix du groupe RDSE. Clair comme de l’eau de roche également pour Gérard Larcher, actuel président du Sénat, qui s’est empressé de se déclarer candidat à sa propre réélection. Et de se demander benoîtement en repoussant le véritable résultat du scrutin au 1er octobre : « Auront-ils la majorité ? Point d’interrogation. »

DE LA PRUDENCE À L’ESPOIR

Les socialistes, eux, auront été prudents jusqu’au dernier instant. « En haut, au groupe socialiste, ils sont très fébriles, ils ne veulent pas crier victoire », murmure-t-on devant les listes affichées au compte-goutte sous les dorures de la salle de conférence. Des listes pas définitives. « Il est trop tôt, il faut rester prudent », explique François Lamy qui tente de calmer le jeu dans les couloirs du Sénat alors que Martine Aubry est montée au groupe. « On attend encore des résultats dans des endroits clefs comme les Pyrénées-Atlantique et la Guadeloupe. »

Mais quand la conférence de presse de François Rebsamen est annoncée et que le groupe socialiste redescend, tout s’accélère. Les applaudissements fusent dans la cage d’escalier. Et les scènes de bousculade et d’embrassades se multiplient. Jack Lang retrouve François Hollande devant les photographes dans la cour d’honneur du Sénat, comme si les félicitations pour la présidentielle étaient déjà au menu du jour.

Plus tôt, dans l’après-midi, les sénateurs de droite étaient peu nombreux à se montrer. Comme s’ils savaient déjà. « C’est pas seulement qu’ils ont été bons c’est qu’on a été très mauvais avec les listes dissidentes », avouent déjà deux assistants parlementaires de la majorité. La droite aurait-elle pêché par abus de confiance et par ses divisions ? Oui, répond Roger Karoutchi qui pointe du doigt ceux, trop confiants - comme Gérard Larcher - qui ne lui ont pas « obéit » et les dissidents qui ont joué perso : « C’est l’unité qui fait le succès. La division est mortifère », regrette-t-il. Et de remonter le morale de ses troupes : « C’est pas dramatique pour un coup d’un soir mais il faut se ressaisir. » Autre raison de cette défaite évoquée dans les rangs de la droite, le fort mécontentement d'un grand nombre d'élus locaux suite à la réforme des collectivités. Même attendue, cette défaite reste un coup dur pour la majorité présidentielle, et pour Nicolas Sarkozy, même si la gauche ne doit pas trop tôt crier victoire et confondre les élections sénatoriales avec le scrutin présidentiel.

 

MARIANNE2.fr

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité