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la Cagouille Enchaînée
20 juillet 2012

Chômage dans le Grand-Angoulême: la spirale infernale

Les chiffres commune par commune montrent une agglo bien plus marquée par le chômage que le département. La moitié des chômeurs habitent Angoulême. Les plus de 50 ans sont très fragilisés.

Angoulême compte 16,7 % de chômeurs, sept points de plus que la moyenne nationale, cinq de plus
que la Charente. Archive Phil Messelet

En décembre dernier, l'agglomération comptait 9.456 demandeurs d'emploi. 14 % de la population du bassin est touchée par le fléau. Surtout, la situation s'est aggravée en un an, avec une augmentation qui frôle les 20 % dans des communes comme Saint-Michel et Fléac. Mais c'est bien la situation «extrême» d'Angoulême et Soyaux, avec 60 % des demandeurs d'emploi concentrés dans ces deux communes qui inquiète. Tout comme l'augmentation parfois spectaculaire des plus de 50 ans sans emploi.

Soyaux «démunie»

«La courbe ne va pas s'inverser tout de suite...» François Nebout accueille avec euphémisme les chiffres du chômage sur sa commune de Soyaux. En un an, la ville la plus pauvre de l'agglomération a vu son taux de chômage augmenter de 11,8 % pour toucher 15,7 % de la population active. Six points de plus que la moyenne nationale.

Plus inquiétant encore, Soyaux compte 20 % de chômeurs en plus chez les plus de 50 ans. «Cette donnée beaucoup plus importante à Soyaux qu'à Angoulême montre que la commune est très fragilisée face à la crise», explique Anne Defrenne, du service des politiques solidaires à GrandAngoulême, qui a réalisé «le portrait social» de l'agglo, montrant l'aggravation de la pauvreté sur le secteur (lire aussi CL du 12 juillet).

«On se sent un peu seuls et démunis face au chômage», confirme François Nebout, qui pointe également le manque d'une politique globale de logements sur l'agglomération. «Nous accueillons beaucoup de primo-arrivants, des gens en grande, très grande difficulté», poursuit l'élu qui a vu le revenu moyen de ses administrés baisser de 9 % en une seule année.

Un chômeur sur deux à Angoulême

C'est aussi le cas à Angoulême. Si la ville-centre n'a vu son chômage augmenter «que» de 4,5 % entre décembre 2010 et décembre 2011, c'est aussi parce que, vu le taux de chômage, il était «difficile de le voir augmenter plus vite», précise Anne Defrenne.

Angoulême compte en effet 16,7 % de chômeurs, sept points de plus que la moyenne nationale, cinq de plus que le département. Dans l'agglo, un chômeur sur deux habite Angoulême. Avec 4.758 Angoumoisins sans emploi, c'est plus d'un habitant sur dix qui est au chômage ou même sorti des circuits d'indemnisation dans la ville ! La ville est également celle qui abrite le plus de bénéficiaires de minima sociaux: 8,71 %, alors que le département n'en compte que 5,52 %.

Les petites communes inquiètent

Dans l'ombre des deux principales villes, certaines communes limitrophes d'Angoulême sont plus touchées que d'autres par l'aggravation du chômage. Saint-Michel et L'Isle-d'Espagnac sont ainsi les communes qui enregistrent les plus fortes hausses de l'agglomération en un an (+19,7 % et + 19,5 %). Une situation d'autant plus inquiétante pour Saint-Michel que le taux de chômage est déjà très fort (14,8 %). «Sur le terrain, on s'en rend compte, bien sûr: au milieu de notre population plutôt vieillissante, nous accueillons des personnes nouvelles souvent en grande précarité», explique la maire de Saint-Michel, Fabienne Godichaud. L'élue prend l'exemple des demandes «en recrudescence» à l'Epicerie sociale. «Il y a quelques semaines, nous n'avions plus assez de denrées pour en distribuer à tout le monde.» Des demandes de tickets de bus ou d'aides pour payer ses factures d'électricité sont aussi de plus en plus nombreuses. Si le chômage des seniors fait aussi un bond - +40,5 % en un an ! -, ce chiffre est à relativiser puisque les plus de 50 ans sans emploi sont 52, contre 37 en décembre 2011. «Ce qui m'inquiète, c'est surtout la tranche des 35-50 ans, où l'on voit beaucoup de femmes seules qui cherchent du travail», raconte Fabienne Godichaud.

La CAF (Caisse d'allocations familiales) le confirme: «C'est sur les communes les plus jeunes ou vieillissantes que la proportion d'isolés parmi les allocataires CAF est la plus importante: Angoulême, Saint-Michel ou La Couronne. A Saint-Michel, par exemple, 55 % des allocataires sont isolés.»

18 Juillet 2012 | 04h00 - Mis à jour | 07h40
Maurice Bontinck

CHARENTELIBRE.fr

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