Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
la Cagouille Enchaînée
24 septembre 2012

Le traité européen « tourne le dos aux enseignements de 75 ans de théorie macroéconomique »

Le texte que s’apprêtent à faire ratifier par le parlement les sociaux traîtres n’est pas seulement un scandaleux déni de démocratie, comme le dénonce le Front de gauche qui appelle à une grande manifestation à Paris le 30 septembre. C’est aussi une profonde stupidité, comme le soulignent « Les économistes atterrés ».

« Nous intervenons ici, en tant qu’économistes, pour mettre en garde contre les dangers que comporte le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de l’Union économique et monétaire. Ce Pacte budgétaire marque une nouvelle étape de deux offensives, celle des libéraux contre la pratique keynésienne de la politique économique, celle des instances européennes contre l’autonomie des politiques budgétaires nationales, écrit le collectif des Économistes atterrés, éminents spécialistes qui s’inscrivent en faux face à la doxa libérale complaisamment colportée par les médias dominants. Ce traité ne s’attaque pas aux causes de la crise financière : l’aveuglement et l’avidité des marchés financiers, l’éclatement des bulles financières et immobilières induites par la financiarisation, le gonflement des inégalités de revenus permis par la concurrence effrénée entre pays favorisée par la mondialisation. Il ne s’attaque pas aux causes de la crise de la zone euro : l’absence d’une réelle coordination des politiques économiques ayant l’emploi comme objectif, le déséquilibre provoqué par la recherche d’excédents des pays du Nord, l’interdiction inscrite dans la Constitution européenne de financement des États par la BCE, ce qui permet à la spéculation de se déclencher alors qu’elle est impuissante contre les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni pourtant plus endettés que la zone euro. Le traité entérine les politiques d’austérité, suivies depuis trois ans, qui enfoncent l’Europe dans une  récession sans fin, qui aggravent la mise en cause du modèle social européen, qui plongent des millions d’européens, en premier lieu les jeunes, dans le chômage et des millions de famille dans la pauvreté. Le pacte budgétaire repose sur un diagnostic erroné. Le coupable serait le manque de discipline budgétaire. Pourtant, les pays de la zone euro ne se caractérisaient pas avant la crise par des déficits publics particulièrement forts : sur les trois années d’avant crise (2004-07),  les États-Unis avaient un déficit de 2,8% du PIB, le Royaume-Uni de 2,9%,  le Japon de 3,6%, la zone euro de 1,5%, nettement moins que le montant des investissements publics ou le niveau requis pour stabiliser la dette. Seule, la Grèce présentait un déficit public élevé. En fait, les instances européennes polarisées sur le respect aveugle de normes arbitraires, soucieuses d’affirmer leur contrôle sur les politiques nationales, ont laissé grandir les déséquilibres en Europe entre les pays du Nord qui accumulaient les excédents et les pays du Sud entrainés par une bulle immobilière. Elles ont nié les périls que faisait courir la dérégulation financière. (…) Selon l’article 3, les pays devront maintenir un quasi-équilibre des finances publiques (soit un déficit public structurel inférieur à 0,5% du PIB), ce qui n’a aucun fondement économique. La vraie « règle d’or des finances publiques » justifie, au contraire que les investissements publics soient financés par l’endettement. Dans le cas de la France, cela autorise un déficit public structurel de l’ordre de 2,4% du PIB(…) L’objectif du Traité est bien  de réaliser le rêve de toujours des libéraux : paralyser les politiques budgétaires, imposer coûte que coûte l’équilibre budgétaire. Il tourne le dos aux enseignements de 75 ans de théorie macroéconomique(…) Le souhait du nouveau gouvernement français de renégocier le TSCG a abouti le 29 juin à un Pacte pour la croissance et l’emploi. Malgré son titre, celui-ci n’est pas le symétrique du Pacte Budgétaire. Il ne comporte aucun objectif précis en termes d’emploi ou de croissance. Pour l’essentiel, il ne fait que reprendre des projets déjà engagés, généralement d’inspiration libérale : la stratégie Europe 2020, la nécessité de garantir la viabilité des systèmes de retraite (c’est-à-dire de reporter l’âge de la retraite ou de réduire le niveau des pensions), d’améliorer la qualité des dépenses publiques (ce qui signifie souvent réduire les dépenses sociales jugées improductives, en augmentant les aides aux entreprises), de favoriser la mobilité de la main d’œuvre, d’ouvrir la concurrence en matière de services, d’énergie, de marchés publics. » Et c’est au nom de ce « volet Croissance » que les « socialistes » prétendent signer ce traité ? Qu’ils aillent au diable ! « Les mesures de relance, à proprement parler, sont limitées, pour ne pas dire inexistantes. Il est question de 120 milliards soit 1% du PIB de la zone, mais sur un laps de temps indéfini, alors que les programmes d’austérité nationales représentent 240 milliards par an. (…) Le Traité ne remet pas en cause l’absence de garantie des dettes publiques par la BCE ; il ne prévoit pas l’émission d’euro-obligations ; le Mécanisme de Européen de Solidarité ne prévoit d’aider que les pays qui auront ratifié et respecté le Traité. Le pays aidé perdra toute autonomie, devra soumettre sa politique économique à la Troïka (la Commission, la BCE, le FMI) et devra s’engager dans une politique restrictive, qui comme le montre les exemples de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande, l’enfoncera dans la récession et la misère. »

19 sept 2012

PLUMEDEPRESSE.net

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité