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la Cagouille Enchaînée
16 février 2011

L'AGGLOMÉRATION PRÉPARE SA RÉVOLUTION CULTURELLE

La fusion entre La Nef et l'Espace Carat est plus que jamais d'actualité.

La semaine prochaine, une délégation angoumoisine se rendra à Brest. Non pas pour humer l'air marin. Mais bien pour observer comment s'y organise la gestion des infrastructures culturelles. Car, aujourd'hui, le Grand-Angoulême songe à « mutualiser » la gestion de ses propres infrastructures culturelles, en tout premier lieu l'Espace Carat et La Nef, sous la forme d'une société publique locale (SPL).

Cette forme juridique inédite permet aux collectivités de reprendre en direct la gestion de ses équipements, tout en s'affranchissant des obligations de la législation publique du travail (salariat de droit privé), mais aussi des règles de la libre concurrence (pas de procédure d'appel d'offres). Explications.

1 L'agglo se fait conforter par un cabinet

Dans son audit stratégique de la Semapex (la société d'économie mixte qui gère Carat), dont nous nous sommes procuré une synthèse, le cabinet Quadra a qualifié de « pertinente » la transformation de la Semapex en SPL… Une conclusion qui va dans le sens des envies de l'agglomération. Car la SPL a vocation à devenir « un outil de gestion mutualisée d'équipements ». Lors d'une récente réunion, en présence de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), il a d'ailleurs été admis que la SPL pourrait englober dans un premier temps Carat et La Nef. Un grand fourre-tout culturel susceptible d'être gonflé par l'arrivée, à moyen terme, d'autres équipements, du Théâtre de Ruelle à celui d'Angoulême…

Mais, dans un premier temps, il faudra que l'agglomération rachète les parts privées de la Semapex. Un investissement estimé à 200 000 €. Une SPL ne peut être effectivement composée que de deux actionnaires publics. Dans le cas qui nous intéresse, la Ville d'Angoulême et l'agglomération.

2 La mort de Dingo après plus de 20 ans

A priori, l'agglomération ne lancera pas d'appel d'offres pour renouveler la délégation de service public (DSP) de l'association Dingo à l'origine de la Nef et de son projet culturel. L'actuelle convention prend fin en juillet 2011. Et le Grand-Angoulême a proposé à Dingo de la prolonger d'un an, le temps de mettre son projet sur les rails.

Mais, à la constitution de la SPL, probablement en 2012, l'association Dingo se verra automatiquement virée des murs de La Nef. Une aubaine pour Philippe Lavaud qui se méfie du conseil d'administration de Dingo dans lequel siège toujours l'ancien directeur de La Nef, Jean-Louis Menanteau.

Juridiquement, l'agglomération devra cependant conserver les salariés qui œuvrent au sein de La Nef. Ceux qui resteront en seront toutefois quittes pour avaler de drôles de couleuvres.

3 Un projet culturel en grand péril

Officiellement, le discours, sur l'air de « ça ne changera rien », se veut rassurant. Dans les faits, c'est une autre histoire : depuis plus de vingt ans, Dingo porte à Angoulême le projet culturel autour des musiques amplifiées. Elle en est la garante… À ce titre, l'État a attribué à La Nef le label Smac (scène de musiques actuelles). Un label qui garantit des financements publics à La Nef, sous réserve d'obligations contractuelles, sur la programmation ou sur la pérennité d'une forme de service public (locaux de répétition, accompagnement de groupes, etc.)

La constitution de la SPL et la disparition de Dingo chambouleront, de fait, cet agencement. Rien n'empêchera en effet la Ville et l'agglo, réunies au sein de la SPL, de réduire la voilure de La Nef, quitte à perdre le label Smac. Car il ne faut pas oublier l'objectif de la SPL : les fameuses économies d'échelle.

   (...)   

(1) Dans son audit stratégique de la Semapex, le cabinet Quadra parle de la « lassitude » d'une « équipe réduite », « d'efforts sans perspectives » et d'une « absence de dynamisme tant managérial que commercial ».

    SUDOUEST.fr

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