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la Cagouille Enchaînée
19 mai 2011

UN FESTIVAL DE MOTS À SOYAUX

19 mai 2011 | Mis à jour | 08h57     Alexandre Le Boulc'h

David Dumortier, un poète charentais, a participé à la création d'une exposition de poésie avec les écoliers de Soyaux dans le cadre du festival Soyaux à la Page. Rencontre atypique.

David Dumortier fait partie de la trentaine de poètes français à avoir le privilège de vivre de leur plume.  Photo Renaud Joubert

«C'est une grande chance d'avoir pu bénéficier de la présence de David, explique Josette Labat qui, en tant que vice-présidente de l'Ecole ouverte, travaille sur les rencontres entre les enfants et des acteurs culturels du festival Soyaux à la Page (1). Cet écrivain spécialisé dans les contes illustrés et les recueils de poèmes pour enfants a permis de réaliser deux expositions de poèmes écrits par les enfants.»

Ce festival de la lecture, organisé un an sur deux et soutenu par la mairie et de nombreux partenaires, est porté par l'association de l'Ecole ouverte avec tous les élèves de Soyaux, des crèches aux collèges, mais aussi de nombreuses structures associatives de la ville, le Foyer Soleil et la médiathèque.

(1) Soyaux à la Page, à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 31 mai à l'Espace Matisse, à Soyaux. Gratuit. Tél. 06.37.78.26.16 ou 05.45.97.39.75.

Itinéraire d'un poète heureux

David Dumortier est un poète heureux. Discrètement, ce Charentais de 43 ans fait partie de la trentaine de poètes français à avoir le privilège de vivre de leur plume. Installé à Paris depuis vingt ans, il vient de boucler un dernier recueil (1) et animer à Soyaux deux ateliers d'écritures avec les élèves des écoles du Bourg et de Jean-Monet, dans le cadre du festival Soyaux à la Page qui démarre aujourd'hui (lire encadré).

Un retour au pays fort en émotions pour cet enfant né à Nonac, dans une ferme. «Mes parents étaient des agriculteurs et rien ne me prédestinait à devenir un poète, confie David Dumortier, qui a fait ses études à Sainte-Marthe - Chavagnes avant d'intégrer une école d'infirmier psychiatrique à Paris. C'est au hasard des lectures des poèmes de René Char et de Jean Genet que j'ai eu la révélation. La poésie est devenue nécessaire à ma vie. L'exploration des mots de ma langue s'est imposée à moi jusqu'à ce que j'ose présenter mes textes à des revues spécialisées puis à des éditeurs.»

En 1999, les éditions Cheyne retiennent son manuscrit «La Clarisse», un récit poétique sur une enfant maltraitée qui s'est vendu à 8.000 exemplaires - un gros tirage en poésie. Depuis, il enchaîne une publication par an. Des livres de poésie pour enfants, des livres illustrés, mais aussi des récits pour les adultes.

«En 2001, j'ai décidé de prendre le risque de quitter mon travail pour ne vivre que de mon art, reprend David Dumortier, pour qui la poésie est plus qu'un travail à temps plein. Je ne vis que pour cela, comme un moine. Je n'ai pas de famille. Tout mon temps est consacré à l'écriture. C'est le prix à payer pour vivre ma passion.»

Depuis, il a déjà vendu plus de 45.000 exemplaires de ses livres. Il complète ses revenus avec des interventions d'écriture ou de lecture partout en France, et même à l'étranger. Dans les écoles, les prisons, les maisons de retraites, les festivals de poésie, il distille le même amour pour son travail.

«Grâce à ce type de prestations autour de la poésie, je peux témoigner de mon engagement et susciter l'envie de lire et d'écrire, assure ce missionnaire des mots qui sème à tout vent. La poésie, ce n'est pas de l'inspiration, c'est du travail acharné à écrire et réécrire toujours ses textes.» Ses sujets sont souvent graves et profonds, «mais toujours traités simplement», se défend David Dumortier. «Je ne juge jamais. Pas de morale. Mes personnages parlent tels qu'ils sont. Je ne suis pas non plus un poète régionaliste. Les paysages intérieurs que je porte de la Charente sont toujours présents lorsque j'écris, mais hormis quelques clins d'oeil à l'escargot ou aux gabarres, ma poésie est universelle.»

Fasciné par la langue arabe qu'il parle couramment, il va en Syrie, en Jordanie, à Djibouti ou à Madagascar faire la promotion de son art. «La Charente est une terre de poètes: Hyvernaud, Chardonne, Birot, De Vigny, Reynaud ou encore l'école de Barbezieux, parce que ce pays, du cours du fleuve à la distillation du cognac, donne le temps de l'écriture, assure David Dumortier, à qui le magazine du Monde a consacré un article sur son mode de vie original à l'heure où le web règne en maître. C'est une belle reconnaissance. Mais ma plus grande joie, c'est de travailler avec des enfants qui comprennent instinctivement la puissance de cet art. Il faut lire leurs textes: ils sont authentiques et sonnent forts.»

(1) «Les bateaux qui parlent», éd. Cheyne, 14 €.

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