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la Cagouille Enchaînée
20 mai 2011

PROCÈS COLONNA: UN TÉMOIN ACCUSE LA POLICE D'AVOIR "FABRIQUÉ" DES PREUVES

PARIS — Un ancien agriculteur cité au procès d'Yvan Colonna a accusé mardi des policiers d'avoir "fabriqué de fausses preuves" au cours de leur enquête sur l'assassinat du préfet Erignac en 1998, alors qu'ils se concentraient sur la piste dite "agricole".

Pendant les mois qui ont suivi l'assassinat de Claude Erignac, le 6 février 1998 à Ajaccio, les enquêteurs avaient soupçonné le milieu du syndicalisme nationaliste corse, qui militait alors pour une annulation des dettes du secteur.

Serge Garracio travaillait à l'époque avec Dominique-Mathieu Filidori, agriculteur et leader syndicaliste, qui avait été arrêté et mis en examen pour complicité d'assassinat, avant de bénéficier d'un non-lieu en 2002.

Parmi les éléments retenus contre M. Filidori, figuraient des explosifs hors d'usage découverts sur son domaine agricole lors d'une perquisition en septembre 1998.

M. Garracio a affirmé, devant la cour d'assises spéciale de Paris, que Roger Marion, ex-patron de la police antiterroriste, et Eric Battesti, de la direction centrale des renseignements généraux, l'avaient contraint à déposer ces explosifs. Roger Marion "m'a donné les explosifs et un détonateur, et m'a dit de les déposer", a-t-il assuré. "M. Marion a fabriqué de fausses preuves".

Entendus lundi, MM. Marion et Battesti avaient tous deux été interrogés par le président et la défense de Colonna sur ces soupçons de manipulation. Ils l'avaient réfutée, invoquant une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ayant montré une "absence totale d'éléments de preuve".

"Avez-vous été entendu par l'IGPN?", a demandé Me Eric Dupond-Moretti, l'un des avocats d'Yvan Colonna à M. Garracio, qui a répondu par la négative.

Depuis les premières auditions des policiers et gendarmes ayant enquêté sur l'assassinat, la défense d'Yvan Colonna conteste les méthodes des enquêteurs.

"Ce sont les mêmes procédures, les mêmes hommes, les mêmes façons de faire", a affirmé l'un des conseils du berger de Cargese, Me Gilles Simeoni, devant la presse. "L'enquête a été polluée par ce type de comportements".

Vincent Andriuzzi, l'un des deux enseignants condamnés en 2003 comme commanditaires du crime, mais acquittés en appel en 2006, a pour sa part évoqué une "hystérie" des policiers l'ayant interrogé durant sa garde à vue en mai 2009.

Il a relaté comment le commandant Georges Lebbos, un ancien de la Division nationale antiterroriste (DNAT), avait mimé devant lui une scène de corrida pour lui montrer ce qui lui arriverait aux assises, et avait "prétendu" qu'il était passé aux aveux alors qu'il a contesté tous les faits qui lui étaient reprochés.

Son épouse avait également été placée en garde à vue. M. Andriuzzi a affirmé que pour la faire parler, un policier lui avait collé la tête sur son bureau, sur les photos du préfet assassiné, en lui disant: "Regarde où était ton mari le 6 février!".

Ce professeur de mathématiques avait été acquitté pour l'assassinat du préfet, mais condamné à huit ans de prison pour des attentats commis en 1994.

Yvan Colonna est jugé une troisième fois pour l'assassinat du préfet, le verdict d'appel, confirmant sa condamnation à perpétuité, ayant été annulé par la Cour de cassation.

Copyright © 2011 AFP. Tous droits réservés

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