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la Cagouille Enchaînée
7 juillet 2011

SÉCHERESSE : SARKOZY PROMET... EN L'AIR

Le 9 juin, Nicolas Sarkozy était en Charente. Il promettait des mesures rapides et concrètes aux éleveurs sinistrés. Quatre semaines plus tard, il n'y a pas davantage d'avancée que de pluie. 

7 juillet 2011 | Mis à jour | 11h08     Ivan Drapeau

Marc Spanjers, éleveur laitier installé depuis trois ans, a connu trois ans de crise, dont la sécheresse qui cette année a brûlé les prairies.Photo Philippe Messelet

Quatre semaines tout juste. Le jeudi 9 juin Nicolas Sarkozy, était en Charente, au chevet des éleveurs sinistrés par la sécheresse. Au cours d'un grand show au gymnase de La Rochefoucauld, le président de la République s'était engagé à faire jouer la solidarité nationale sur des points très concrets.

Quatre semaines plus tard, c'est zéro pointé. «On se sent abandonnés», dit un jeune agriculteur de Roumazières, Marc Spanjers (lire plus loin). «Il a plu dans certaines régions et je crains beaucoup qu'à Paris le sujet ne soit plus d'actualité», s'inquiète Alain Lebret, président de la chambre d'agriculture.

L'armée portée pâle

«Dès aujourd'hui, les ministères concernés vont se réunir pour que l'armée apporte son soutien au transport et au stockage de la paille nécessaire aux éleveurs», avait dit Nicolas Sarkozy le 9 juin. À ce jour, la cellule de crise des organisations professionnelles et syndicats agricoles de Charente n'a pas vu la couleur d'un seul uniforme. Pas de camions adaptés en état, pas d'hommes disponibles, c'est la seule information qu'elle a réussi à obtenir.

SNCF: deux fois plus cher que la route

Le même jour, le Président avait enjoint les ministres qui l'accompagnaient, Nathalie Kosciusko-Morizet (écologie) et Bruno Le Maire (agriculture), de régler avec le patron de la SNCF les modalités du transport de la paille par train. Pour l'heure, aucune directive particulière ne semble avoir été prise. La cellule de crise charentaise qui boucle son «plan paille» (voir encadré) a eu des contacts avec la SNCF. Elle a obtenu une réponse, rédhibitoire: le transport d'une tonne de paille coûte deux fois plus cher par le rail que par la route!

Autoroute: plein tarif

«Il n'y a aucune raison que les sociétés d'autoroute profitent d'un effet d'aubaine.» Nicolas Sarkozy avait souscrit à la proposition du président du conseil général de la Charente, Michel Boutant, de rendre les autoroutes gratuites pour le transport de la paille. Quatre semaines plus tard, les éleveurs charentais ont trouvé la paille dont ils ont besoin dans l'Aisne. Coût autoroutier, 206 euros par semi-remorque (aller-retour). Il y aura un millier de navettes, soit 206.000 euros de recettes pour les sociétés autoroutières. Aucune disposition n'est prise pour la gratuité. Les premiers camions prennent la route demain, voire ce soir.

Report de prêt: demande sans retour

À La Rochefoucauld, le Président avait déclaré un report des échéances de prêt d'un an pour les éleveurs. Détail, seul le prêt dit «Poligny» souscrit en 2009 est concerné. Or il ne concerne qu'un tout petit nombre d'éleveurs pour des sommes inférieures à 20.000 euros. Les agriculteurs en difficulté réclament un report des échéances pour tous leurs prêts. Sur ce point comme sur les trois autres cités plus haut, pas davantage le député socialiste, Jean-Claude Viollet - qui, ne voyant rien venir, a écrit dès le 17 juin au ministre de l'agriculture -que le président de la chambre d'agriculture, Alain Lebret, n'ont obtenu de réponse à leurs questions.

17.000 tonnes de paille venues de l'Aisne

Les dernières demandes seront traitées aujourd'hui. Isabelle Caillaud, directrice de la section charentaise de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), et Damien Charron, technicien à la chambre d'agriculture, pilotent «le plan paille» qui va secourir les éleveurs en panne de fourrage pour cause de sécheresse. Trois cent trente d'entre eux en ont commandé 17.000 tonnes de manière ferme. Au nom de tous les syndicats, la FNSEA-Charente a pris langue avec son homologue de l'Aisne.

Avant-hier, les deux permanents et trois agriculteurs, Patrick Soury (FNSEA), Thibault Rouffignac (Jeunes agriculteurs) et Bernard Michaud (éleveur) ont fait le voyage à Laon pour caler les modalités pratiques et financières. De ferme à ferme, la tonne de paille reviendra à 100 € HT, «ce qui représente le prix coûtant, en tirant au plus juste», souligne Damien Charron. Les Charentais doivent aussi acheminer sur place des presses à botteler que les Picards n'ont plus. Isabelle Caillaud s'emploie, elle, à trouver des transporteurs.

Les moissons commencent tout juste en Picardie. Les premiers camions pourraient se mettre en route dès demain. Il faudra plus d'un millier d'allers-retours pour transporter la totalité de la commande, qui ne réglera que très partiellement le problème des éleveurs. Il faut une tonne de paille par jour pour cent bêtes. La commande moyenne est de 50 t par éleveur, soit 50 jours.

La dépense: 5.000 €, et il faut ajouter des compléments nutritionnels, la paille n'étant pour le bovin qu'un produit de substitution. Malgré les aides du département, 1.000 € pour le transport, de la région, 1.000 € (hier, 890 agriculteurs de Poitou-Charentes avaient perçu cette somme, et 400 dossiers sont en cours), et en attendant celles de l'État (le fonds de calamités agricoles arrivera au mieux en septembre), la trésorerie des éleveurs risque d'être très insuffisante. «Ces dispositifs sont à cent lieues de la réalité du problème. Pour ceux qui ont investi récemment, je suis très, très inquiet», dit Alain Lebret, président de la chambre d'agriculture.

 

A lire en intégralité dans la version papier de CL

   CHARENTELIBRE.fr  

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