LGV : BOUTANT NE VEUT PLUS PAYER

Quand Bernard Charbonneau voulait que le TGV s'arrête à Ruffec, la ville dont il est maire, il rameutait les Ruffécois et se couchait sur les voies. Michel Boutant, sénateur et président du conseil général, ne juge pas utile de mobiliser les usagers quand la SNCF annonce qu'elle va modifier à la baisse les dessertes d'Angoulême à partir du 11 décembre: le premier train du matin arrivera à Paris à 8h41 au lieu de 8h15, les lignes directes vers Roissy et Lille seront plus rares, etc.

Il ne boycotte pas non plus le forum sur la LGV (CL d'hier) dont il était puissance invitante. Il use de son «arme fatale»: l'argent. Le conseil général, GrandAngoulême et la communauté de communes de Cognac ont accepté de mettre 43 millions d'euros au pot (1) pour financer la LGV (7,8 milliards au total) de Tours à Bordeaux. Mise en service en 2017. Les trois collectivités devaient verser avant la fin de l'année leur premier chèque: 900 000 euros. Elles ont décidé le 12 septembre de geler leur règlement.

À partir du 11 décembre la SNCF met en place des cadencements à horaires réguliers entre Paris et les grandes villes. Simultanément, Réseau ferré de France ouvre une série de chantiers ferroviaires, ce qui entraîne une refonte complète des horaires sur toutes les lignes de France. On pourrait considérer que ces nouvelles dispositions et le chantier de la LGV ont à peu près autant de rapport que la musique militaire et un opéra de Mozart. «Non, c'est un très mauvais signe. La convention de dessertes d'Angoulême doit être respectée», plaidaient hier matin d'une même voix Michel Boutant et Robert Richard, vice-président du conseil général et président de la communauté d'agglomération de Cognac (Photo Phil Messelet).

«L'arme fatale» a ses limites. En refusant de céder au chantage de Ryanair qui réclamait davantage de subventions pour desservir la Charente, Michel Boutant a mis la vertu et la morale de son côté. Mais l'aéroport est vide. En refusant de payer au Festival de la bande dessinée la subvention qu'il avait promise - agacé par des querelles de personnes -, Michel Boutant a ébranlé la manifestation phare du département... pour finalement payer). Il est peu probable que la SNCF change son tableau national des horaires parce que trois élus charentais bloquent 900 000 euros qui ne lui sont pas destinés. L'usage répété de «l'arme fatale» tourne à l'agitation. Ce qui ne dessine pas un plan de vol à la politique départementale.

(1) 30 millions pour le Département, 10 pour GrandAngoulême que préside Philippe Lavaud, 3 pour la communauté de communes de Cognac présidée par Robert Richard.

24 septembre 2011 | 04h00
Mis à jour | 07h59 

CHARENTELIBRE.fr

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