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la Cagouille Enchaînée
14 avril 2012

AFFAIRE BETTENCOURT : TROIS MISES EN EXAMEN DE JOURNALISTES

Le 5 avril à 20h37 (Mis à jour à 07:37)

  Le directeur du site de Mediapart Edwy Plenel (G) et Fabrice Arfi, journaliste
 à Mediapart (D) le 5 avril 2012 au tribunal de Bordeaux (Photo Nicolas Tucat. AFP) 

Trois journalistes ou ex journalistes de Mediapart ont été mis en examen pour atteinte à l'intimité de la vie privée de Liliane Bettencourt.

Trois nouveaux journalistes ont été mis en examen jeudi à Bordeaux pour atteinte à l'intimité de la vie privée de Liliane Bettencourt, alors qu'ils estiment plutôt avoir protégé la milliardaire en révélant le contenu des enregistrements réalisés par son majordome.

Edwy Plenel, le directeur de Mediapart, Fabrice Arfi, un des journalistes du site, et Fabrice Lhomme, ancien de Mediapart aujourd'hui au Monde, ont été mis en examen respectivement par les juges d'instruction bordelais Cécile Ramonatxo, Jean-Michel Gentil et Valérie Noël.

On leur reproche d'avoir publié de larges extraits des enregistrements sauvages réalisés dans le salon de l'héritière de l'Oréal par Pascal Bonnefoy de mi-2009 à mi-2010, alors que le majordome voulait à la fois se protéger de «la chasse aux sorcières» qu'aurait menée le photographe François-Marie Banier parmi le personnel de son amie milliardaire, et démontrer les abus de faiblesse dont celle-ci était victime.

Le 29 mars, le directeur et le rédacteur en chef du Point, Franz Olivier Giesbert et Hervé Gattegno, avaient déjà été mis en examen pour la publication de tels extraits.

Mediapart a décidé de ne pas se laisser faire. Mardi, le site avait annoncé lors d'une conférence de presse à Paris «sa contre-attaque», qui a pris la forme jeudi d'un dépôt de plainte pour dénonciation calomnieuse auprès du procureur de la République de Bordeaux. Fabrice Arfi et Edwy Plenel ont demandé aussi le statut de «témoin assisté» - qui implique que l'on n'est pas poursuivi, contrairement à celui du «mis en examen» - sans l'obtenir.

Edwy Plenel a cependant estimé qu'à l'issue de près de trois heures d'audition, «les juges ont paru ébranlés mais qu'ils étaient prisonniers des décisions qu'ils avaient déjà prises concernant d'autres confrères». Fabrice Arfi et lui se réservent «d'utiliser tous les moyens de droit» contre ces mises en examen.

Le journalisme est-il un «délit» ?

Ils ont notamment fait valoir que dans la rubrique «Boîte noire» accompagnant les articles sur l'affaire dès le 16 juin 2010, Mediapart précisait bien avoir fait le tri entre les éléments concernant «l'intimité des protagonistes» des enregistrements, qui avaient été «bien entendu exclus» de la publication, et «la partie consistante» de ces écoutes portant sur «le fonctionnement de la République, le respect de sa loi commune et l'éthique de ses fonctions gouvernementales» qui a été publiée.

«D'une certaine façon nous avons protégé Mme Bettencourt», a assuré Edwy Plenel, jugeant qu'il «y aurait une ironie à ce que les journalistes sans lesquels l'affaire n'aurait pas pris un cours normal soient mis en examen dans le cadre du réquisitoire initial d'un procureur qui faisait tout pour entraver la marche de la vérité à l'été 2010».

Edwy Plenel visait le procureur de Nanterre Philippe Courroye, en charge de l'affaire avant son dépaysement à Bordeaux en novembre 2010.

«On a le sentiment d'être mis en examen pour avoir fait notre travail», a ajouté Fabrice Arfi, qui ne voit pas «en quoi les éléments publiés par Mediapart relèvent en quoi que ce soit de la vie privée», «sauf à considérer que le journalisme puisse être un délit».

M. Lhomme, co-auteur des articles avec M. Arfi, a déclaré qu'il «était nécessaire de publier les enregistrements». «J'estime que de manière générale il n'est pas souhaitable (de publier des conversations privées) mais qu'il peut y avoir des situations exceptionnelles», a-t-il ajouté, et «c'est le cas» dans l'affaire Bettencourt.

Dix personnes sont désormais mises en examen à des titres divers dans ces dossiers : outre les cinq journalistes, M. Bonnefoy, M. Banier et son compagnon Martin d'Orgeval, l'ex-ministre Eric Woerth, et l'ancien homme de confiance de Mme Bettencourt Patrice de Maistre, seul écroué.

(AFP)

LIBERATION.fr

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