LA SANTÉ, GRANDE OUBLIÉE DE LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE

Les dépenses de santé ont respecté pour la deuxième année de suite les objectifs fixés par le Parlement en 2011. La thématique de la santé est totalement absente de la campagne.  Il n’y a donc plus de débat autour de la santé ? Réponse d’Emmanuel Lechypre. 

La part des dépenses de santé assumée par les patients augmente à toute vitesse (Photo : DR)

La santé, aucun des candidats à l’élection présidentielle n’en parle. Pourtant, cela reste un sujet compliqué. Parce que certes, le montant que l’Etat débourse pour payer les médicaments se réduit. Mais dans le même temps, l’ensemble des dépenses de santé progresse de plus de 3 % par an en moyenne, soit plus que les dépenses publiques.

Elles dépassent aujourd’hui 230 milliards d’euros, c’est 12,1 % du PIB. La France arrive troisième des grands pays de l’OCDE derrière les Etats-Unis et les Pays-Bas, avec une facture d’environ 3 000 euros par habitant.

Une facture alourdie de 3 milliards

Actuellement, 77 % des dépenses de santé sont financées par les pouvoirs publics. Cela reste beaucoup en comparaison des autres grands pays, mais cela baisse. La part directement payée par les Français, 9,5 % de l’ensemble des dépenses de santé, augmente de façon fulgurante. La facture est alourdie aujourd’hui de 3 milliards d’euros de plus qu’en 2005.

En cause : la franchise médicaments et le déremboursement de beaucoup d’autres, la progression des soins ambulatoires avec le parcours de soin, la difficulté croissante à se faire soigner aux tarifs de la Sécu, parce que de plus en plus de médecins pratiquent les dépassements d’honoraires.

Les dépassements d'honoraires pris en charge par les mutuelles

Justement, le gouvernement a publié jeudi un décret contraignant les complémentaires santé à rembourser des dépassements plafonnés d'honoraires de médecins spécialistes. Il faut savoir que dans une centaine de grandes villes, les trois quarts des ophtalmos, oto-rhinos ou dermatologues sont au-delà des tarifs Sécu.

Mais là, c’est un cadeau fait aux médecins ! Cela les incitera même sans doute en secteur 1 au tarif de la Sécurité sociale à augmenter leurs prix puisque les mutuelles sont censées rembourser. Ainsi, les malades seront perdants puisque les mutuelles finiront par augmenter leurs tarifs. Pire, les quatre millions de Français qui n’ont pas de mutuelle seront, eux, doublement perdants.

EN LIEN AVEC CET ARTICLE
"La campagne en chiffres" par Emmanuel Lechypre

Publié le 27/03/2012 | 15h54 |

Emmanuel Lechypre et BFMbusiness.com

BFMBUSINESS.com