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la Cagouille Enchaînée
19 juin 2012

SYNDICATS : LA CGT REVIENT À L'ESSENTIEL

Bernard Thibault a sifflé la fin de la récréation dans le tumulte créé par son mode de gouvernance

L'agenda politique a repris le pas sur l'agenda interne de la CGT, dont Bernard Thibault est encore le secrétaire général. (photo afp)

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a tiré au moins une leçon de la réunion du conseil confédéral national (CCN) qui s'est tenue fin mai : Nadine Prigent ne lui succédera pas.

Celle qu'il avait choisie pour montrer que la confédération ouvrière, au plus haut niveau, était capable de s'ouvrir aux femmes, a en effet été rejetée par les votes négatifs de la commission exécutive (CE) - le « parlement » du syndicat - et du CCN. Bernard Thibault en est convenu mardi 12 juin en déclarant devant la CE : « Je regrette cette décision, c'est cependant un fait qui s'impose désormais à tous. »

Interrogée hier, la principale intéressée le reconnaissait et admettait qu'elle n'était plus dans la course.

Une situation tellement inédite à la CGT que la centrale de Montreuil bruisse maintenant de mille rumeurs qui alimentent de nombreux articles dans la presse.

« L'ambiance est mauvaise »

Un cadre de la confédération, qui n'a pas été le dernier à en parler, commence à mesurer les effets que cela produit chez les adhérents : « L'ambiance est mauvaise, on commence à chercher partout qui est à l'origine des fuites... Quand je vous parle, c'est bien du off ? » C'est en effet le mode de gouvernance du secrétaire général qui est mis sur la sellette, parce qu'il ne s'appuierait pas suffisamment sur les fédérations professionnelles qui sont à l'œuvre dans les branches et les entreprises, au profit d'apparatchiks sur le retour coupés de la base. On comprend que ces critiques ne soient pas appréciées.

Bernard Thibault, secrétaire général depuis février 1999, bien qu'âgé de 53 ans, aurait apparemment perdu la main. Le premier coup de semonce avait été tiré en 2005, quand le CCN l'avait mis en minorité alors qu'il projetait de donner un avis favorable au oui au traité constitutionnel européen.

Il faut du temps et de la patience pour maintenir la cohérence d'une grande confédération dans un contexte de concurrence exacerbée entre syndicats depuis la loi de 2008, quand chacun ne voit plus que les résultats des élections professionnelles comme mesure de son influence. Surtout à une époque où l'émiettement syndical est aggravé par l'un des plus faibles taux de syndicalisation d'Europe (autour de 8 % en France, contre 19 % en Allemagne et 27 % au Royaume-Uni).

Alors que certains poussaient à précipiter le mouvement de recherche d'un successeur, Bernard Thibault a choisi de prendre son temps.

Conférence de méthode

C'est la CE qui va débattre les 19 et 20 juin prochains des modalités du choix. Aucun nom n'en sortira, car « aucun n'est susceptible dans les circonstances actuelles de recevoir le consensus pour conforter l'unité de l'organisation », a expliqué Bernard Thibault. Il avait par ailleurs critiqué « la compétition destructrice entre candidats déclarés ou disponibles, qui ne fait qu'alimenter la division entre militants, entre dirigeants ». La CE, sur le modèle de ce qu'a institué Jean-Marc Ayrault pour la Conférence sociale, jouera donc le rôle d'une conférence de méthode pour désigner le successeur.

La CGT va donc concentrer ses efforts des prochains jours sur la préparation de la Conférence sociale, en tentant de mobiliser les salariés sur ses revendications alors que d'autres, comme la CFDT, ne perdent pas de temps pour commenter en bien ou en mal les premières décisions gouvernementales. « François Chérèque essaie de se placer comme un interlocuteur privilégié », ironisait Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO.

La séance de mardi dernier, où « tout le monde avait rangé les couteaux », a semble-t-il calmé les esprits, reconnaît l'un des opposants à la ligne Thibault. Celui qui était prêt au clash avant le CCN des 30 et 31 mai se montre désormais moins pressé d'en découdre. Il est vrai qu'après le véritable psychodrame à huis clos qu'a vécu la CGT dans le but de faire progresser la démocratie interne, tous semblent avoir compris que la confédération ne vit pas en vase clos et qu'elle va devoir répondre aux exigences de l'heure qui sont imposées par l'agenda politique.

Publié le 16/06/2012 à 06h00 | Mise à jour : 16/06/2012 à 08h05
Par Jean-pierre Deroudille

SUDOUEST.fr

 

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